Dernier vestige du couvent des Ursulines :

S’il est un monument discret dans le patrimoine de Luçon, c’est bien la chapelle de l’ancien couvent des Ursulines, en bordure de la rue Clemenceau. Combien la longent sans imaginer les richesses patrimoniales qu’elle enferme. Construite au XVIIème siècle, elle bénéficie d’une inscription aux Monuments Historiques par arrêté du 6 janvier 1927.
En 1636, quatre religieuses venues de Niort, avec l’appui de Monseigneur Nivelle, font l’acquisition du domaine de la Clémencière, à Luçon. Elles y installent un collège pour jeunes filles, et à la fin du XVIIème siècle, elles font construire une chapelle. En 1674, celle-ci subit un incendie et est en partie détruite ainsi que de nombreuses richesses artistiques qu’elle contient. Les archives font état de réparations dans le dernier quart du XVIIème siècle, ce qui laisse supposer que le magnifique plafond n’a pas souffert de l’incendie, et donc qu’il date de cette époque.

A la Révolution, le couvent est vendu comme bien national, mais il est récupéré assez rapidement par les Ursulines et la chapelle subit une remise en état en 1823.
Perpendiculaire à la Chapelle se trouve un cloître, surmontant une cave partiellement voûtée. Un campanile où une cloche est installée en 1667 se situe à l’angle de la chapelle et du cloître. La chapelle, le campanile et le sous-sol sont les seuls vestiges du couvent d’origine.

La première supérieure du couvent des Ursulines, mère Saint Luc, est enterrée dans le chœur de la chapelle. Une plaque de marbre rappelle le sacrifice de 11 Ursulines qui ont refusé de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé et qui sont mortes dans les prisons de Niort, Celles, Fontenay-le-Comte, et Noirmoutier en 1793 – 1794.
La chapelle est restaurée en 1975. A l’époque on y célébrait les offices quotidiens en présence des filles de l’internat. Mais, il n’y a plus de cultes quotidiens depuis 1991, date du départ des religieuses, rappelées par leur communauté pour d’autres missions.
Aujourd’hui, c’est sur le site du couvent que l’on trouve les collèges et lycée Sainte Ursule, nonobstant quelques amputations de terrains.

Le plafond : un joyau pictural

La chapelle fait 33 mètres de long et 7 mètres de large, « de plan allongé constituée d’un unique vaisseau, couvert d’un lambris en berceau surbaissé entièrement peint » affirme M.T. Réau, dans « Luçon ville épiscopale ».

Le lambris du plafond est en pitchpin, bois résineux sans nœud dont la résistance atteint presque celle du chêne. D’origine américaine, sa fibre est plus compacte et plus dure que celle du pin européen et ce bois est t peu usité à l’époque. Sa résine le préserve de toute atteinte des vers, de toute pourriture, ce qui en fait un support pictural précieux et participe au bon état de conservation du décor peint à l’huile.
Ici, pas de grandes scènes religieuses, mais six tableaux successifs à la gloire de Dieu, allant de la Terre vers le Ciel, en passant par la Passion et la Mort. Des nuées d’anges, une multitude de fleurs et bouquets accompagnent de nombreux instruments de musique : orgue positif (qui se pose), lyres, harpes, hautbois, violes de gambe, « serpent », luths… Le tout dans un style baroque riche en couleurs et plutôt apaisé. Cette réalisation montre bien l’intérêt que les Ursulines portaient à l’Art. Malheureusement, l’œuvre n’est ni datée ni signée.

Des retables admirables :

Sous le Ciel, trois retables issus probablement d’un même atelier, semblent ne faire qu’un. Les retables latéraux sont en plâtre peint et faux marbre, le retable du maître- autel en calcaire peint en faux marbre, rehaussé de dorures mais soutenu par des colonnes de marbre soit rose, soit noir. Il est dominé par une sculpture d’un Dieu le Père, vieillard bon enfant aux bras ouverts. Sous les 2 Sacrés Cœurs, la fondatrice des Ursulines, mère Angèle de Mérici (+1540), est représentée dans un tableau daté de 1769. Enfin, on ne peut quitter la Chapelle sans s’attarder sur les remarquables tableaux de la Passion et sur la Vierge à l’enfant, sculpture en bois polychrome, qui ornent les murs. Et vous laissent repartir, la tête emplie d’images colorées.

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